
Dissident (« Le dissident ») Krasnoïarsk 1989. Dim. 18 x 13 cm. Constitué d’un digest de pages photographiées de presse informelle, dans la tradition du samizdat. En exergue : « Le pouvoir des ténèbres, les ténèbres du pouvoir ». Coll. BDIC
Certains titres emblématiques de la presse officielle (Argumenty i fakty , Ogoniok, Moskovskie novosti) voient leur tirage exploser durant la perestroïka ; jamais tant d’abonnements ne sont enregistrés et on assiste à une véritable ruée vers les kiosques à journaux.
Avec la glasnost les thèmes abordés changent, les tabous sont levés comme en témoignent les couvertures exposées de l’hebdomadaire Ogoniok (sida, pénuries, censure, catastrophes écologiques., invalides de guerre… sont en première page).
Parallèlement, avec le processus de démocratisation, on assiste à l’émergence d’un nouveau type de presse informelle, héritière du « samizdat » (presse clandestine des années 60-70 diffusée sous le manteau). Le 1er août 1987 paraît ainsi le premier numéro du bulletin Ekspress Khronika, périodique phare de la perestroïka consacré au suivi des violations des droits de l’homme en URSS. Indépendante, alternative, elle reflète les diverses tendances politiques (de Pamiat, journal national-patriotique à Glasnost, journal pour la défense des droits de l’homme), les publications des fronts démocratiques qui émergent dans les républiques périphériques. (« Le front populaire de Biélorussie », « La chronique géorgienne » « Bakou »). La presse des pays baltes est à l’avant-garde, traduite également en russe, elle est diffusée dans toute l’Union. Cette presse informelle se fait également l’écho d’associations professionnelles (« Alternativa », journal de l’Union des journalistes de Léningrad) de mouvements sociaux (« Bulletin de Tiraspol en grève »). Elle paraît sous les formes les plus variées, du simple tract à faire circuler après lecture à des formes plus élaborées. Gratuite et de faible tirage à ses débuts, elle est distribuée lors de meetings, sur les places centrales, près des gares…
La frontière entre presse informelle et presse officielle va s’estomper lors de la campagne pour l’élection des députés du peuple de l’URSS en juin 1989.