Les documents scandent les temps forts de la perestroïka déclinés au long de l’exposition : le temps des réformes, le temps des révélations et le temps des révolutions. Il dévoile ainsi la perestroïka telle qu’elle a été voulue par les dirigeants, mais également telle qu’elle a été vécue par les habitants.
Le temps des réformes
La perestroïka est une réforme venue d’en haut, conçue et voulue par les dirigeants soviétiques pour mettre l’URSS à l’heure de la modernité occidentale et relancer
la dynamique du système soviétique.
Elle s’inscrit dans la tradition du Parti en instituant une série de réformes à destination de la base. Verticalité, continuité et conservatisme semblent être les maîtres mots au début de cette période. Pourtant, le changement est bien là, perceptible d’abord dans la forme et la scénographie des discours. On le voit par exemple dans les portraits officiels qui montrent désormais des dirigeants souriants.
Des réformes de fond sont par ailleurs mises en œuvre pour promouvoir l’usage des nouvelles technologies, pour renforcer la discipline au travail, pour lutter contre la bureaucratie et le gaspillage des ressources. Cette entreprise de modernisation du pays s’appuie sur une importante campagne d’affichage, dont témoignent de nombreuses œuvres des graphistes exposées dans cette partie.
Les réformes contribuent à changer peu à peu la vie quotidienne en URSS. L’heure est à la décontraction et à l’ouverture à l’Ouest, comme en témoigne cette photographie tout à fait officielle des premiers concours de Miss.
Le temps des révélations
La transparence préconisée par les dirigeants engendre une série de révélations sur les failles de la politique soviétique. De sorte qu’une des conséquences imprévue et presque immédiate de la réforme, est l’installation, au sein de la population, d’un doute profond, puis la mise en cause plus radicale du système dans son ensemble. Ce pessimisme se voit conforté par les catastrophes et les fléaux qui s’abattent sur l’URSS à cette époque : épidémie de sida, explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, tremblement de terre en Arménie, retrait des troupes d’Afghanistan.
Cette partie présente un ensemble de documents représentatifs d’une liberté d’expression toute nouvelle : affiches écologistes, exemples de la presse nouvelle qui se développe
pour porter les revendications, documents sur les « liquidateurs » envoyés sans protection à Tchernobyl après l’explosion, images de soldats démobilisés, photographies des représentants de l’Église orthodoxe, des écrivains et des scientifiques que la glasnost autorise à s’exprimer publiquement. Présentés également dans cette partie, des extraits d’émissions de télévision de cette époque ainsi que des clichés de plateaux télévisés ou tournages montrent la construction progressive d’un nouvel espace public.
Le temps des révolutions
Troisième étape de la perestroïka, la démocratisation ouvre la voie à un changement politique qui aboutit à la déroute du parti communiste, à la sécession d’une partie des républiques fédérées, et, pour finir, au putsch d’août 1991. La prise de pouvoir par Boris Eltsine signe la fin de l’URSS.
Dans l’exposition, des photographies de la XIXe Conférence du PCUS (1988) et du premier Congrès des députés du peuple (1989) montrent la naissance en URSS d’une véritable délibération politique, la délégitimation de l’exécutif et le renouvellement des instances dirigeantes. Prêtées par la Bibliothèque publique historique de Russie, des lettres de doléances adressées par des citoyens à Gorbatchev témoignent des vives critiques qui étaient exprimées. Les grèves ouvrières qui marquent cette époque sont par ailleurs illustrées par des photographies prises lors la grève des mineurs du Kouzbass. Sont exposées également des affiches et des documents sur les revendications d’indépendance en Ukraine et en Arménie. Enfin, parmi les images du putsch est présenté un document rare : la vidéo amateur d’un discours de Gorbatchev, enregistré par ses proches le 20 août 1991, alors qu’il était séquestré dans sa datcha de Foros.